8 janvier 2015
Où être Noir sur terre… sans se faire buter ?
(un article de Charlie Hebdo du 3 décembre 2014)
A propos de la publication qui circule « Je ne suis pas Charlie dont je désapprouve les publications racistes, sexistes, islamophobes décomplexées ces dernières années… » : j’aimerais partager un article du numéro de Charlie Hebdo du 3 décembre 2014 intitulé » Où être Noir sur Terre… sans se faire buter ? ». On peut être réservé sur le style ou l’humour potache de Charlie, mais ceux qui connaissent réellement cet hebdo savent qu’il a toujours été au contraire l’incarnation de l’antiracisme et de la laïcité. Charlie s’en prend à toutes les idéologies, à toutes les sectes et notamment religieuses. Il a tourné en dérision l’islam, comme le christianisme ou le judaïsme, et derrière les dessins satirique, il y a toujours la volonté de pousser plus loin la réflexion, de ne pas laisser le traitement de l’islam radical à la seule extrême droite. Dans ce numéro du 3 décembre dernier, il a traité du racisme (anti-Noir) comme je ne l’ai vu nulle part ailleurs, je vous donne juste quelques exemples de l’article qui s’inscrit dans le contexte des deux Noirs tués en une semaine par la police aux Etats-Unis.
Israël:
« Il y aurait 60 000 Blacks en Israël, sans compter les juifs Falashas, déjà citoyens de seconde zone. D’où viennent les nouveaux? Du Soudan et d’Erytrée. Les manifs racistes s’enchaînent de même que les pillages de magasins, comme en mai 2012 à Tel-Aviv. Le bon Netanyahu a promis de virer tout le monde au pays »…
Russie:
« Chaque semaine, chaque jour parfois, un Noir est tabassé ou tué; aux voyageurs noirs, il est conseillé : « Restez en centre-ville, évitez Saint-Pétersbourg – pleine de skins-, soyez prudents et assurez-vous que l’ambassade américaine ait connaissance de votre présence »… »
France:
« Pays des droits de l’homme…et de la banane » (avec un dessin représentant Taubira et deux connards qui lui jettent des bananes »..:
Maroc :
« Ici, la peau noire, a priori ne fait pas peur. Le Maroc est un pays d’Afrique et une bonne partie de sa population est basanée. Mais les crimes raciaux qui surviennent de temps en temps et les panneaux « Nous ne louons pas aux Africains » dans les cages d’ascenseur rappellent la triste réalité du racisme au Maroc »…
Algérie :
(Charlie montre un dessin de Riss montrant trois footballeurs, celui du milieu est Noir, on lui a dessiné une cible sur le front et la légende est : » Algérie : hooligans, visez ici » (en référence au joueur Albert Ebossé tué en août 2014 sur le terrain par une bouteille jetée par un supporter algérien)…
Turquie :
« Ici, on nous traite de cafards et on touche notre peau pour voir si elle déteint. La seule chose qui me vaut un peu de miséricorde à leurs yeux, c’est de dire que je m’appelle Soulemane et que je suis musulman » explique un immigré clandestin casamançais »…
Grèce :
« Alors qu’il se promenait à Athènes avec un ami mauritanien, un Soudanais de 32 ans, Hassan Mekki, a été frappé à la tête par des motards brandissant des drapeaux grecs et criant « dehors les Noirs! ». Des heures plus tard, il se réveille avec le dos tailladé de deux grandes croix. Depuis l’ascension du parti néo-nazi Aube dorée, qui siège aujourd’hui au Parlement grec, les histoires comme celle-ci se suivent et se ressemblent »..
Inde :
« Kalu! Kalu! » (« Noir! Noir » en hindi), les cris et jets d’objets ne sont pas rares contre les Blacks qui s’aventurent en Inde, pays où la beauté physique et la noblesse du pédigrée se mesurent à la pâleur du teint… A l’image de la perception de soi des locaux, la couleur noire est synonyme de servilité, voire de bestialité. Si une femme indienne de peau foncée a peu de chances de contracter un beau mariage, un élu de Goa a carrément installé des panneaux dans la ville : » Nous voulons la paix, dites non aux Noirs! »
On peut accuser Charlie d’être sexiste notamment avec Wolinski (sa femme Maryse le traite d’ailleurs de « phallocrate »), mais certainement pas de raciste. Mieux qu’un édito, en un coup de crayon, Charlie parlait sans détour de nos sociétés malades de haine et d’ignorance. Pas de faux procès, il ne faudrait pas que ce qu’ils ont traqué et dénoncé toute leur vie serve aujourd’hui à une Le Pen, un Zemmour ou un Fienkelkraut.
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